20 juin 2022

Les résultats de la démarche «Créer le Petit-Saguenay de nos rêves»

Retour sur l’atelier de synthèse des données

Jeudi 16 Juin 2022 à 17h30, 12 citoyens de Petit-Saguenay (dont 6 élu.e.s) ont participé à l’atelier de synthèse de la démarche “Créer le Petit-Saguenay de nos rêves”. L’objectif de ce dernier atelier était de trier, regrouper, résumer et analyser toutes les données, c’est-à-dire les idées et rêves des citoyens, récoltées lors de cette démarche. Cette démarche en quelques chiffres c’est…

4 mois : De Février à Mai 2022

+ de 200 citoyens : enfants, adolescents, aînés, producteurs, clubs et associations, entreprises touristiques, etc. 

19 activités variées : 

  1. Arbre de noël à souhaits
  2. Questionnaires sur la participation citoyenne (poste et en ligne)
  3. Marche discussion avec le club de marche
  4. Carnets d’expéditions pour petits explorateurs
  5. Discussions de feu de camp
  6. Vox pop au festival d’hiver
  7. Jeu de dés de la transition au tournoi de hockey des entreprises
  8. Atelier de réflexion au lancement de la politique MADA
  9. Atelier de réflexion avec le comité touristique
  10. Chasse aux cocos pour enfants et distribution de semences à Pâques
  11. Atelier de lecture et de dessin à l’école primaire du Vallon
  12. Questionnaires envoyé aux élèves de l’école secondaire Fréchette
  13. Création d’une chanson avec la chorale
  14. Tissage des enjeux prioritaire avec le cercle des fermières
  15. Dîner-discussion avec les agriculteurs
  16. Dispositifs d’écriture à la Poste
  17. Concours de Phot-o-pinion
  18. Atelier créatif avec le centre d’artiste Le LOBE
  19. Atelier final de synthèse

400 données : rêves, idées, besoins, etc. 

Toutes les données ont été pré-triées et préparées par l’équipe du Grand Dialogue Régional pour la Transition qui organisaient l’atelier. Pour se répartir le travail, les citoyens participants ont été séparés en 4 équipes, selon 4 thématiques : notre communauté, notre économie, notre territoire, notre écologie. Chaque équipe avait donc une centaine de petits cartons à trier sur lesquels les paroles exactes des citoyens avaient été retranscrites. Le tri se faisait de manière intuitive, les participants devaient regrouper les idées qui se ressemblaient. Une fois regroupées en catégories, il fallait donner un nom à ces catégories, identifier les mots-clés et écrire un court résumé (1 à 3 phrases) qui expliquait leur contenu. Le but était de faire ressortir les idées les plus souvent mentionnées par les citoyens pour cerner les priorités. En dernier lieu, nous avons analysé chaque catégorie en expliquant si c’était plutôt des idées faciles à mettre en place ou structurantes (long terme), rassembleuses, originales ou audacieuses. Chaque équipe avait même le droit de choisir une idée « coup de cœur» !

Selon les participants, l’activité fut vraiment agréable et ludique ! Si une personne seule avait dû analyser toutes ces données, ça n’aurait pas du tout été la même appréciation. De plus, plonger au cœur des idées des citoyens ont permis aux élu.e.s d’avoir un regard d’ensemble sur les besoins et la vision de leur communauté. Enfin, l’exercice a aussi permis de faire germer de nouvelles idées, au travers des échanges entre les participants de chaque groupe.

Pour découvrir l’ensemble des idées issues de cette démarche, il faudra attendre la sortie de notre future politique de développement durable et son plan d’actions.  

Les résultats sous forme de récit

Pour les personnes curieuses, qui ne pouvaient pas être présentes à l’atelier, voici la vision rêvée du village de Petit-Saguenay dans une dizaine d’années qui est ressortie de notre analyse collective. Cette vision, nous vous la présentons sous forme de récit fictif, non exhaustif. Le narrateur est un nouvel arrivant à Petit-Saguenay en 2035. 

Nous sommes chanceux de vivre à Petit-Saguenay, dans un environnement paisible, mais très stimulant. La communauté, reconnue pour être très accueillante, est guidée par de belles valeurs comme le respect, la bienveillance et l’entraide. Tout le monde à l’air de se connaître ! Nous sommes arrivés depuis peu, mais nous sentons que nous avons déjà notre place ici, au même titre que chaque famille qui y réside, peu importe le nombre de personnes qui la compose ou leur âge. Trouver un logement abordable ne fut pas aussi difficile que prévu. En fait, un logement collectif bigénérationnel a été bâti dans le cœur du village, ce qui a permis à de nombreuses personnes de pouvoir y vivre et ainsi  libérer des maisons beaucoup trop grandes pour elles par exemple. Au deuxième étage, ce sont des logements saisonniers, parfaits pour les jeunes qui viennent travailler ici durant nos saisons touristiques d’été et d’hiver. Il y a aussi un éco-quartier qui s’est construit, ce qui a amené de nouvelles familles dans le village. En fait, toutes les nouvelles constructions dans le village sont des habitations écologiques, puis la plupart des maisons plus anciennes ont été rénovées pour limiter les déperditions énergétiques. Surtout, au-delà des constructions, le village est vraiment reconnu comme un modèle d’aménagement durable puisque presque toutes les maisons sont occupées à leur plein potentiel à l’aide de nouvelles pratiques de cohabitation (colocations, bigénérations, etc.). Ces modes d’habitation ont permis de renforcer encore davantage le tissu social. 

À notre arrivée, nous avons eu le droit à une petite célébration durant laquelle nous avons rencontré un bon nombre de nos voisins. Ils nous ont partagé les outils à utiliser pour rester informés en tout temps, mais aussi et surtout de belles histoires. Ce fut une journée riche en émotions. Voir ce que chacun apporte, écouter les anecdotes et les contes sur des célébrités ou infrastructures du village nous ont permis de nous enraciner rapidement. C’est comme si on avait l’impression d’avoir toujours appartenu à ce village. La fête d’accueil se déroulait dans le café du village, un endroit où les gens vont manger, boire et se retrouver toute l’année. Des activités sont souvent organisées là-bas pour permettre à tout le monde de se mélanger et ainsi d’éviter la solitude. D’ailleurs, une passerelle à été construite par-dessus la rivière pour mener au parc de La Croix récemment, des dames dans le village m’ont raconté que c’était une métaphore pour représenter le pont entre les générations, très important pour elles. Les jeunes ont aussi leurs endroits où se retrouver. Une cabane dans les arbres à été construite pour les enfants et les adolescents se sont approprié la maison des familles qui est ouverte tous les jours grâce à l’implication de tous. Il y a aussi de nombreuses activités sportives organisées au village pour nous et nos enfants. Cela contribue à forger notre réseau et faciliter la communication dans le village, parce qu’internet c’est bien beau, mais rien ne vaut le bouche à oreille ! D’ailleurs, un ami que j’ai rencontré au tournoi des entreprises m’a parlé de la forêt nourricière. J’y suis maintenant impliqué. C’est fou ! Elle ne demande pas beaucoup d’entretien mais fournit de beaux petits fruits quand l’été s’en vient. D’ailleurs, chaque année, une journée d’échange de plantes vivaces est organisée dans le village. 

Le cœur du village se fond dans le décor des forêts environnantes : il y a une belle variété de végétation. Au-delà de la forêt nourricière, c’est chaque jardin individuel qui est utilisé. C’est comme si chaque mètre carré était optimisé pour permettre à la population d’être plus  autonome. De nombreux insectes se baladent de jardins en jardins. Ce sont de nombreux savoirs et savoir-faire ancestraux qui ont été cultivés au fil des générations. C’est comme si le village tout entier s’inspirait du mode de vie de leurs ancêtres : autonomie, résilience et entraide. D’un point de vue alimentation, il parait qu’une micro-fromagerie est en construction dans le rang St-Antoine pour valoriser le lait de nos producteurs sur place. D’ailleurs un gros travail de concertation a été mené ces dernières années avec les villages voisins pour améliorer les conditions de travail de nos agriculteurs. En effet, beaucoup de ressources ont été mutualisées au niveau de certains champs, de la machinerie, des employés et de l’administration. Toutes nos parcelles agricoles sont valorisées grâce à une rotation réfléchie à l’échelle du village. Il y a même un circuit agro-touristique qui a été créé pour permettre aux voyageurs de visiter certaines exploitations et goûter aux produits sur place. Les enfants de l’école primaire et les citoyens l’ont aussi fait cette route, cela leur a par exemple permis de mieux comprendre  les  prix réel des aliments de leur assiette . Une grande campagne de sensibilisation a aussi été réalisée dans le village pour inciter les résidents à faire leur épicerie dans notre coop. Grâce à ce sentiment de responsabilité envers notre coop, nous avons même réussi à avoir des produits en vrac et plus de variété dans nos produits. Il y a aussi une section réservée pour nos artisans et producteurs locaux. La semaine dernière, j’ai d’ailleurs participé à un atelier de cuisine collective. Nous avons récupéré des denrées périssables à l’épicerie et ailleurs, nous les avons transformées et redistribuées à moindre coût. Les enfants ont aussi la chance de cuisiner des gâteaux et autres mets dans leur école. Mais tu sais, le sentiment de responsabilité, il ne se limite pas à notre coop d’alimentation, il s’applique aussi pour la nature qui nous entoure, les animaux et surtout l’eau, qui est devenue une ressource précieuse. Dans chaque décision prise par la municipalité ou par un groupe de citoyens, la préservation de la nature est centrale. Et puis, quand je parlais du mode de vie de nos ancêtres, ça ne veut pas dire qu’on est revenu en arrière. Au contraire, le village s’est équipé de nouvelles technologies notamment pour nous alimenter en énergie (panneaux solaires, éoliennes et serres d’hiver sous la neige). D’ailleurs, un petit sentier à été aménagé avec des lumières photovoltaïques pour pouvoir se promener de nuit. Chaque année, un spectacle d’art vivant est organisé sur ce sentier avec des jeux de lumières et de la musique. 

L’art et la culture ont vraiment une place importante dans le village : bibliothèque, concerts, peinture, etc. Beaucoup de personnes m’ont parlé d’un spectacle appelé Marguerite. Apparemment c’était grandiose ! Depuis ce spectacle, la chorale s’est vraiment agrandie. Ma conjointe en fait partie. Ils préparent un nouveau spectacle pour l’été prochain sur l’histoire du village perdu de Saint-Étienne, j’ai hâte de voir ça. Ça va se passer à l’aréna qui vient d’être rénové. Le bâtiment est écoénergétique et s’intègre vraiment bien au paysage. Il y a même une piscine à l’intérieur . Le bâtiment fait aussi office de centre d’accueil pour le réseau  de ski haute-route des Sommets du Fjord et de vélo de montagne l’été. Beaucoup d’enfants font du vélo ici c’est d’ailleurs, vraiment super. Il y a une piste cyclable qui relie le cœur du village à l’ensemble des rangs, mais vu les côtes, heureusement que nous pouvons louer des vélos électriques. D’un point de vue transport, je trouve ça d’ailleurs vraiment bien organisé. Chaque jour, y compris les fins de semaine, il y a des bus qui font la navette vers Chicoutimi. C’est très pratique lorsqu’on veut aller voir un show en ville ou que l’on a un rendez-vous médical. Sinon, il y a aussi une zone de covoiturage et c’est très facile de trouver des personnes avec qui faire la route pour partager les frais d’essence et limiter nos émissions de gaz à effets de serre. Il y a aussi une voiture électrique partagée qui reste en bas des logements collectifs pour permettre à nos aînés d’aller faire leur épicerie en auto. Le plus marquant ici, c’est le nombre de personnes qui marchent ! Par n’importe quel temps, à n’importe quelle heure, il y a des gens qui marchent dans le village. Il faut dire que notre réseau de sentiers est vraiment développé et bien entretenu. De nombreuses personnes viennent profiter des activités de plein air ici. D’ailleurs, c’est comme ça qu’on a découvert Petit-Saguenay, et lorsque je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de boulangerie dans le village, alors que c’était un souhait des habitants, c’était le projet professionnel parfait pour venir s’y installer. 

L’économie du village est vraiment diversifiée. La municipalité réussit à attirer des agents dynamiques pour développer de nouveaux créneaux afin de mettre nos ressources locales en valeur. Il faut dire que l’entrepreneuriat est dans l’ADN de cette communauté en périphérie des grands centres qui a toujours dû savoir se débrouiller par elle-même. Ainsi, le développement économique du village se fait de manière consciente, planifiée et une bonne synergie existe entre les différentes organisations. Nous réussissons à diminuer notre consommation et notre empreinte écologique de manière stratégique, c’est-à-dire sans affaiblir notre économie ou notre qualité de vie. Cette synergie repose aussi sur les gens qui participent au développement et ont à cœur l’avenir du village. Les enfants et les adolescents sont aussi souvent consultés et intégrés dans nos prises de décisions pour s’assurer de ne pas parler à leur place et répondre réellement à leurs besoins. Parce qu’après tout, c’est eux notre future génération et on souhaite qu’il reste ou qu’ils reviennent vivre ici. 

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