Rencontre avec les agriculteurs de Petit-Saguenay : faire face collectivement aux défis.
Le 17 mai dernier, la municipalité de Petit-Saguenay a invité les agriculteurs et agricultrices à un dîner-discussion. Grâce à une météo pluvieuse et à une réelle volonté d’échanger, ce sont 12 agriculteurs qui ont répondu présents, représentant 9 des 11 entreprises agricoles du territoire saguenois. La municipalité avait aussi invité Sabrina Tremblay, chercheuse en sciences sociales et développement des communautés rurales à l’UQAC (Université du Québec à Chicoutimi). L’objectif premier était simple : se retrouver et se donner l’occasion de partager un moment convivial. Le deuxième était de prendre un temps pour discuter des réalités de chacun‧e (défis et enjeux) et réfléchir à des pistes de solutions collectives. Plus largement, une réflexion s’est amorcée sur l’agriculture (et donc l’alimentation) de demain, à Petit-Saguenay.
Il va s’en dire que l’agriculture est une facette importante de l’économie de Petit-Saguenay, mais aussi de son paysage et de son patrimoine. Nous pouvons même affirmer que la qualité et le caractère novateur de l’agriculture de Petit-Saguenay contribue à l’image de marque du village. Certes, on est loin des grands centres, mais «Petit-Saguenay, c’est un petit diamant agricole» comme dirait un des élus présents à la rencontre. Cependant, les agriculteurs et agricultrices de notre village n’échappent pas aux défis que rencontre leur profession partout au Québec, mais aussi dans le monde entier : sécheresses accrues, augmentation du prix des intrants (grains, foins, etc.), manque de main d’œuvre, lourde administration, isolement, etc.
Étant dans un secteur éloigné et enclavé du Bas-Saguenay, certains défis sont même exacerbés (coût des intrants, manque de services, délais, impacts environnementaux des transports, etc.). Aussi, les conditions de vie de nos agriculteurs ne sont pas toujours faciles. Ils travaillent 7 jours sur 7, 365 jours par année, sans nécessairement percevoir un salaire à la hauteur de leurs efforts. Tous espèrent «passer au travers» de la situation économique actuelle afin de pouvoir continuer à exercer leur passion, subvenir aux besoins de leur famille et remplir les assiettes des Québécois. Cet échange a aussi permis de mettre en lumière que les consommateurs ne connaissent pas le calcul du prix réel des aliments. Il y a là une réflexion de fond à avoir.
Certaines pistes de solutions collectives ont émergé des discussions pour répondre à certains enjeux rencontrés par les entreprises agricoles de Petit-Saguenay. Depuis cette rencontre, quelques actions ont déjà déboulé. Par exemple, de grosses poubelles vont être mises en place près des exploitations pour faciliter certaines tâches des agriculteurs. Un groupe Messenger et un groupe Facebook ont également été créé avec l’ensemble des agriculteurs pour faciliter la communication et l’entraide. Ces derniers sont déjà actifs et permettent notamment le partage de denrées ou le covoiturage pour aller chercher des pièces en ville. De son côté, la municipalité peut endosser un rôle de reconnaissance (communication, sensibilisation) et de soutien (administratif, formations, etc.) envers les agriculteurs.
L’enjeu va être amené à la prochaine rencontre du comité de pilotage des Ateliers des Savoirs Partagés (ASP), le 21 juin prochain, pour être réfléchi en partenariat avec les chercheurs de l’UQAC et les citoyens membres de la démarche. Pour rappel, Petit-Saguenay fait partie des ASP depuis 2017. Cette démarche, incluant des villages et des MRC partout au Québec, permet le partage de connaissances entre milieux ruraux et chercheurs. C’est donc l’occasion rêvée de regarder plus concrètement ce qui peut être fait, en s’inspirant entre autres des autres municipalités et des savoirs universitaires. Nous pourrions imaginer travailler sur l’accès de nos produits à la COOP d’alimentation, aider à la rédaction de contrats entre propriétaires et producteurs pour la location de terres, étudier la faisabilité de la transformation d’une agriculture de production en une agriculture de proximité. L’idée est aussi émise de mandater un étudiant à la maîtrise pour aller à la rencontre de chaque agriculteur de manière individuelle et effectuer une recherche approfondie.
Il y avait quelque chose d’authentique dans cette rencontre – Sabrina Tremblay, chercheuse en sciences sociales et développement des communautés rurales à l’UQAC
Cette activité faisait partie de la démarche de consultation Créer le Petit-Saguenay de nos rêves, menée par la municipalité depuis Février 2022. Elle a permis d’ouvrir une porte : certaines actions sont déjà en place et une réflexion plus approfondie est à venir. Une deuxième rencontre devrait être organisée à l’automne prochain, à laquelle, la municipalité de Petit-Saguenay souhaiterait convier ses voisins (Anse-Saint-Jean et autres villages du Bas-Saguenay).